Le sud toujours.
Cette fois-ci ça rigole plus. De Saint-Jacques à Porto d'une traite. Et là
je passerai pas entre les gouttes. Plus de 3 heures de routes à me faire rincer.
Même en restant deux jours à Porto, ma combinaison moto ne séchera pas.
Porto
Je mets les bouchées doubles pour le trajet suivant. Là, je serai à peu près au sec.
J'arrive dans les bouchons de Lisbonne en fin d'après-midi et dès que j'ai posé mes
affaires à l'auberge, je me bois une bonne grosse pinte de bière histoire de fêter
cette longue étape. 5000km depuis mon départ de Suisse. Comme je ne prends pas les
routes à péages ça rallonge les distances, mais ça permet de traverser de jolis villages
et de regarder le paysage. Je me prends une journée de repos pour visiter Lisbonne
qui vaut le détour.
Lisboa
Le jour suivant, route idéale. La nationale 120, de Lisbonne à Lagos c'est que du
plaisir. Un ruban tout en virages sans mauvaises surprises, à rouler, tout en
sifflotant dans les forêts d'eucalyptus. Le ciel est un peu couvert en ce début
de soirée. Je découvre Lagos by night qui est pleine d'anglais qui boivent des
Sagres à bon marché. Drôle d'ambiance. Mais le lendemain, victoire! Il fait
beau et chaud. Idéal pour se balader le long des criques du bout de l'Europe continentale.
Le cap Saint-VincentLa forteresse de SagresPonta de Piedade à Lagos
Je veux retrouver l'Espagne où j'arrive plus facilement à communiquer,
donc je longe la côte sud du Portugal.
En prenant ma moto ce matin j'ai vu que le pneu arrière était bien dégonflé.
Je le rempli à la première station service et continue mon chemin jusqu'aux magnifiques
plages de Benagil.
Benagil
En retournant à la bécane je constate que le pneu est presque à plat et en y regardant de
plus près, je vois qu'un petit clou y est planté.
J'arriverai tant bien que mal à rejoindre une autre station où je pourrai acheter
un spray de dépannage qui me permettra d'aller jusqu'à Faro. Je trouve un garage mais
il est fermé vu qu'on est dimanche. J'y laisse la moto et vais à pied jusqu'à l'auberge
de jeunesse en espérant que demain j'arriverai à me faire comprendre pour
résoudre ce problème.
Et j'y arriverai, en ayant passé pas mal de temps sur Google pour traduire les
mots les plus importants pour expliquer ma situation, et en me tapant 3 garages motos
différents avant de tomber sur un concessionnaire Honda.
Le mécano m'explique ce dont je me doutais déjà, c'est que ma moto est trop
chargée à l'arrière. Entre les affaires de voile, de camping et de froid, c'est
comme si j'avais un bébé éléphant assis derrière moi. N'empêche que je devrais
être tranquille pour quelques temps.
De toutes façons, maintenant que j'ai rejoins l'Espagne et par la même occasion,
les plus de 20°C la journée, l'heure n'est plus au tourisme mais à la recherche d'un
pied à terre ou plutôt un pied à mer.
Ps: mauvaise surprise, mais à laquelle je m'attendais, mon matériel de camping a
pris la pluie et est moisi à force d'attendre son heure depuis la Loire-Atlantique.
Alors que je me réjouissais de retrouver mon vrai toit, celui-ci sent la vieille
chaussette. Et mon sac de couchage dont j'étais si content a perdu de sa superbe.
Mais je m'en fout. Je peux à nouveau vivre sous un bout de plastique de 2mx1m. Je n'en
demande pas beaucoup plus au final.
Cette quête du chaud m'a permis de comprendre que c'est entre est 37° de latitude
nord et sud que se trouve le climat idéal pour un Alex dans son nid. Reste plus qu'à
trouver le nid.
Les chemins de Compostelle en Enduro
Tout le monde a déjà entendu parler de cette randonnée et s'est sûrement dit qu'un jour,
il la ferait. Mais jamais personne ne s'est dit qu'il la ferait en moto. Moi non plus
d'ailleurs. Et pourtant...
Parti de San Sebastián, j'ai suivi la côte. En faisant de courtes balades
sur le vrai sentier. Musée Guggenheim de Bilbao
En France, alors que je mangeais ma demie baguette, mon bout de from et mes rondelles
de saucisson, le tout arrosé de la canette de bière la moins chère qui se présentait,
sur le premier banc qui se présentait, on me demandait si j'étais sdf. (Nul doute
que si j'avais posé un écuelle à côté de moi, j'en aurais grappillé quelques euros. Il
faut dire qu'avec ma barbouze, mon pantalon qui a fait deux fois le tour du monde, le
mégot au bord des lèvres, j'ai plus l'air d'un mendiant que d'un touriste suisse).
Je répondais non. Mais en fait je n'ai plus de domicile fixe depuis trois mois.
Ici, je passe juste pour une espèce de fou, qui ne croit pas en dieu mais qui n'avait
rien d'autre à faire.
C'est plus proche de la réalité.
Ainsi équipé pour le Paris-Dakar d'il y a 28 ans. Âge honorable de ma monture, je suis
le bitume du nord de l'Espagne.
La côte Basque
Le pays Basque a tout pour plaire. Des montagnes et de la mer. Si j'arrivais à comprendre
le Basque, ça pourrait même être mon coin de paradis. Mais entre le français, l'anglais,
l'espagnol, l'allemand, et l'italien, j'arrive plus à assimiler un mot d'une autre langue.
En plus il pleut et il fait froid. Moins qu'en Suisse mais tout de même, donc j'ai décidé
de passer la seconde vitesse.
Punta de la Cerda à Santander. Ça ne se voit pas trop mais il
y a des montagnes assez élevées à côté du soleil. De quoi titiller le marcheur en moi.
Mais ce dernier est remis à l'ordre parce que c'est pas trop le plan.
Punta de la Cerda à Santander. Ça ne se voit pas trop mais il y a des montagnes
assez élevées à côté du soleil. De quoi titiller le marcheur en moi. Mais ce dernier
est remis à l'ordre parce que c'est pas trop le plan.
Parque del Cerro à Gijon. Il y a souvent un rayon de soleil quand je me
trouve devant un joli paysage, ce qui peut donner la fausse impression que je passe mes
journées en t-shirt à manger des glaces.
Je ressemble plutôt à une sorte d'éponge qui aurait traîné trop longtemps dans une flaque
ces temps-ci. Mais ça fait partie de l'aventure.
Il est vraiment temps que je roule plus loin. De un, j'en ai marre de la météo du nord
de l'Espagne en cette fin d'automne, de deux, j'espère avoir plus d'occasions de faire
de la voile plus au sud et de trois, nombre de paperasses sont en train de me rattraper. Il
est temps que je trouve un pied à terre en Espagne ou au Portugal pour éclaircir ma
situation et résoudre pas mal de problèmes.
Donc je roule comme un fou pour aller loin. J'ai la chance de passer entre les gouttes,
mais, par contre, le vent est contre moi.
Il faut avoir vécu des rafales quand on traverse un viaduc sur un deux roues pour
se rendre compte à quel point notre vie tient à peu de choses. De Gijon à Saint-Jacques-de-
Compostelle, c'est 300km, 4 heures de routes, à se cramponner à son guidon en espérant
que la rafale suivante ne nous enverra pas dans le ravin.
Arrivé à bon port, j'ai la nuque en miette à cause du casque, du vent et de l'état de
concentration.
Évidemment, dans ce genre de cas, quand on a posé sa bécane et ses affaires, il fait un
temps idéal.
J'en profiterai pour faire le tour de la ville, sans trop bouger la tête, malgré les
façades impressionnantes de sa cathédrale et de ses ruelles.
Saint-Jaques-de-Compostelle
La quête du chaud
La Bretagne c'est bien joli mais fin novembre ça commence
à cailler sévère. Donc vu que mon objectif est de tendre
mon hamac entre deux bananiers j'ai tout intérêt à aller
voir au sud si j'y suis.
Premier stop a Nantes. Routes sans attraits. Ville sympa
mais sans plus. Encore une nuit en camping et c'est avec
une assez grande satisfaction que je retrouve la Loire dans
laquelle je m'étais lavé au début de ce trip.
Puis la Rochelle. Mecque de la voile avec un port de
plaisance grand comme un aéroport international.
Le port des MinimesUn jour, j'amarrerai
mon bateau à La Rochelle, pour boire une pinte de
Irish Pale Ale au General Humbert's Pub, comme je l'ai
fait hier soir.
Ensuite Bordeaux, j'y débarque un samedi. Et vu que c'est
ma première grande ville depuis longtemps, j'ai l'impression
d'être a New Delhi. Trop de monde, trop de voitures.
Le dimanche sera plus viable et j'aurai du plaisir à
découvrir cette ville.
Le grand théâtre de Bordeaux
Puis direction Bayonne. Les routes sont des lignes
droites de 30km et comme il peut faire froid. Imaginez-vous
à 100 à l'heure pendant deux heures sur une bécane quand
il fait 7°. On a les doigts gelés et c'est eux qui
doivent appuyer sur les freins.
La côte Basque à Biarritz
Quelle joie de sortir la béquille et se dire qu'on est
arrivé à destination.
Petit tour de la ville une fois installé à l'auberge de
jeunesse.
Je suis toujours à la recherche d'une petite sortie en
mer pour finir mes milles mais je ne trouve plus de
voilier en cette fin de saison. Et j'y passe du temps. Je
m'arrête dans chaque port pour interroger la capitainerie.
Qu'à cela ne tienne, je quitte la France pour l'
Espagne. M'installe à San Sebastian et je savoure le fait
d'être dans un pays non francophone. Plus de
dépaysement. Et agréable surprise, les prix y sont
meilleurs marchés. La bouffe, l'essence, la bière, les
logements. On peut facilement passer une journée pour 20
euros.
San Sebastian
A mon arrivée c'est la première soirée de vraie pluie. En
6 semaines, je m'en sors bien. D'une certaine manière j'en
suis assez content car ça me permet de rester un peu sur
place alors que j'ai bougé tous les jours depuis des
semaines, et de réfléchir à la suite du plan. Mais ça ne
répond pas à la grande question: c'est quoi le plan ?
Moussaillon 4
Nouvel embarquement. Cette fois-ci dans le sud de la
Bretagne. Grâce au site Vogavecmoi, j'ai trouvé un skipper
qui cherchait des équipiers pour une sortie de 3 jours.
Le Nemo, Feeling de 10m
Nous serons quatre à bord et, une fois n'est pas
coutume, c'est moi le plus jeune de l'équipe. Le
skipper et propriétaire du navire, un gentil bonhomme de
77 ans, ancien militaire qui a travaillé sur des
porte-avions et des sous-marins pendant la guerre froide
n'est pas quelqu'un à qui l'ont peut apprendre quoi que ce
soit sur la mer. Je n'aurais de toutes façons pas cette
prétention. Avec deux de ces copains nous embarquons à 7h
du mat (et oui, on se lève tôt à cet âge) du port du
Crouesty à Arzon, au sud du golfe du Morbihan.
Le navire fonctionne un peu comme son propriétaire, c'est
à dire qu'il va pas vite mais prudemment. On ne dépassera
pas les 7 nœuds même avec un vent à 20. Par contre j'en
apprends beaucoup, avec des techniques qu'on utilise pas
couramment.
Mise à la cape pour
pouvoir être poussé par un vent qui vient
parfaitement derrière nous.
Notre première étape nous emmènera jusqu'à Guilvinec,
port de pêcheurs qui se reconnaît à l'odeur.
Pour la deuxième étape il était prévu d'aller jusqu'à
l'île de Sein mais les conditions sont défavorables. Nous
revenons sur nos pas et nous engageons sur la rivière
l'Odet. Première fois que je remonte un cours d'eau et
je dois dire que c'est très agréable d'avoir une forêt
d'automne comme paysage plutôt que de l'eau.
Mes coéquipiers sont fiers de me faire découvrir leur
région et je la trouve splendide, comme en atteste mon
précédent article.
Après avoir dîné, (et on mange pas beaucoup à cet âge)
nous redescendons la rivière et irons mouiller à Port
Manec'h.
Ma maigre expérience en navigation est compensée par
des reflexes, une vision et une force que mes compagnons
ont un peu perdu. L'ambiance est assez sympathique et
même si ils passent leur temps à comparer les performances
de bateaux dont je n'ai jamais entendu parler, j'en
profite parfois pour placer une petite connerie qui
rend nos conversations moins sérieuses.
Nous retournons à notre allure pépère, à notre port
d'attache, et alors qu'on était dans le chenal d'entrée
de port voilà que l'aventure commence.
Un signal de détresse d'un petit zodiac de pêcheurs à
quelques milles de nous, nous fait faire demi tour.
Nous nous dirigeons au moteur sur les naufragés. Alors
que la nuit tombe, que l'on est plus manœuvrant et proche
de la côte, la situation peut être dangereuse et
j'apprécie qu'on leur vienne en aide.
Nous arrivons à les repérer alors qu'ils ne sont
éclairés que par leur téléphone.
Nous les remorquons jusqu'au port le plus proche. Là
aussi, situation délicate car nous sommes à marée basse
et proche du fond.
Une fois leur embarcation en sûreté nous faisons route
pour rentrer et, autre catastrophe, nous accrochons un
casier de pêcheur.
Leur ligne bien emmêlée autour du gouvernail je vous
laisse imaginer qui s'en sortira tout détrempé pour nous
libérer.
Nous rentrons au port et on me laissera le bateau pour
la nuit.
Encore une bonne expérience pour cette sortie de 190
milles. Ne m'en reste qu'un peu plus d'une quarantaine
pour devenir skipper.
J'ai quitté la Suisse depuis un mois aujourd'hui et
le bilan est plus que satisfaisant. J'ai traversé toute
la France et fait le tour de la Bretagne en moto, parcouru
plus de 500 milles à la voile, visité les plus beaux sites
qui se trouvaient sur mon chemin, passé la grande majorité
des nuits sous tente ou dans un voilier, rencontré des
gens qui venaient de tous les horizons et plein de petites
expériences qui ont rendu le début de ce périple très
motivant à aller plus loin.
Mes prochains jours me mèneront vers mon nord qui est :
le sud.
PS:
Dernières étapes de ma découverte de la Bretagne:
Brocéliande, la région des épopées arthuriennes racontées
par Chrétien de Troyes. Arthur, Yvain "Chevalier au
lion", Calogrenan et bien entendu Merlin ont fréquentés
cette forêt.
Un chêne vieux de
500 ans voir 1000 ans, personne n'était là
quand il n'était que glandPaysage féeriqueLe tombeau de MerlinLa fontaine de Barenton où Calogrenan
et Yvain ont affronté le Chevalier Noir
La région de Saint-Just:
Ses tertres monolithiquesSes allées couvertes Ses faisansSes étangs
I ❤️ Bretagne
Depuis que j'ai quitté St-Malo, je suis parti à la
découverte de la Bretagne et j'en suis tombé amoureux. Même
si j'ai passé quelques nuits à me geler les orteils sous
ma tente, les journées sont pleines de paysages plus
spectaculaires les uns que les autres. Petit florilège:
Allée couverte de la forêt du MesnilFort la LatteCap FréhelCap D'ErquyMoncontourPetite lessive au port de PaimpolTréguierCôte de granit rose à Ploumanac'hà TrégastelCairn de BarnenezCoup de foudre pour la forêt de HuelgoatLes Monts d'Arrée, sommet de la
Bretagne (387m, pas de quoi impressionner un Suisse mais
tout de même un paysage qu'on ne voit nulle part ailleurs) et
demeure de l'AnkouAllée couverte de MougauLandernauGolfe de Douarnenez Anse de Ty MarkDans les entrailles du phare de Penmarc'hQuimperLes géants de KerzérhoLes alignements de Carnac, des milliers de menhirs
parfaitement alignés sur quatre kilomètresLa Trinité-sur-Mer, mais où est-ce que j'ai laissé mon voilier ?Vannes
Je ne pourrais pas quitter la Bretagne sans aller
faire un tour dans la forêt de Brocéliande mais j'ai un
autre projet avant ça...
Moussaillon 3
Toujours dans le but d'obtenir mon permis voile mer, me voici
embarqué sur un fier navire pour naviguer sur l'atlantique.
Le Ti Malo, 40 pieds.
Avec Laurent pour skipper et trois autres élèves nous appareillons du port de
maintenance de St-Malo. Nous aurons le plaisir de croiser les bouées et phares que
nous avons étudié sur le papier pour avoir le permis théorique. Les conditions sont
bonnes. Soleil, vent léger de l'arrière, ce qui nous permet de sortir le spi. Manque de
bol, celui-ci se déchire au bout d'une heure. Dans la précipitation du changement de
voile, je me ramasse une écoute en plein visage, ce qui m'ouvre l'arcade sourcilière.
Un peu plus et j'avais l'air d'un vrai pirate
Nous mouillerons proche de l'île de Chausey pour dîner, puis, sous la pluie, nous
reprendrons la route pour le port de Paimpol. J'aurai l'honneur d'être à la barre pour
cette arrivée de nuit plutôt dangereuse car pleine de rochers.
Laurent sera aussi notre cuisinier, et avec les courses gargantuesques que nous avons
faites la veille, il a de quoi faire.
Le deuxième jour nous nous rendons au port de Roscoff. Toujours de bonnes conditions de
vent et nous n'aurons plus de pluie jusqu'à la fin de notre croisière.
L'équipe
Le jour suivant, après avoir fait le tour de l'île de Batz, toujours avec moi à la
barre, nous rejoindrons Aber Wrac'h en contournant le majestueux phare de l'île vierge. Nous
mangerons de bonnes crêpes dans un restaurant, le tout arrosé de cidre.
Le quatrième jour encore du soleil et du vent. Sans doute la plus belle journée. Nous
fonçons sur l'île d'Ouessant.
Nous avons déjà vu pas mal de dauphins mais cette fois-ci ils ne nous quittent plus.
Un compagnon de voyage
Nous mouillerons en lieu sûr pour le dîner dans une crique de Ouessant. En t-shirt au
nord de la Bretagne au mois d'octobre c'est plutôt satisfaisant.
Puis cap sur Trébeurden. De nombreux voiliers de compétition croisent notre route pour
se rendre au départ de la course Jaques Vabre. Apparemment ils ne se posent pas la
question de savoir sur quel cordage tirer eux. Ils nous dépassent à plus de 30 nœuds
alors que nous n'en faisons qu'une douzaine.
Le jour d'après, un peu moins sportif pour aller à St Quay Portrieux. Nous commençons à
être fatigués. Les nuits sont courtes et fraîches et la navigation demande force et
concentration. Une fois le bateau amarré je fais tomber ma lampe frontale dans l'eau.
Le port est confortable et je peux prendre une douche en écoutant du Goldman diffusé par
les hauts parleurs des sanitaires.
Dernier jour de voile. Assez court pour pouvoir passer l'écluse à marrée haute à St-Malo. On
longe le cap Fréhel et là aussi j'aurai le plaisir de tenir la barre.
Le cap Fréhel vu de loin car difficile de tenir
la barre et son téléphone en même temps
On accoste et prend notre dernier repas ensemble avant de se quitter.
Au final, 360 milles nautiques de plus au compteur. Encore environ 250 de plus et je
serai skipper.
Comme je n'ai plus de toit, je peux rester seul sur le navire pendant la nuit et c'est
avec grand plaisir que je savoure quelques canettes de bières sur le pont en rêvant
d'avoir un jour mon propre bateau.
Premiers pas en Bretagne
Quelques prises de vues entre Ille-et-Vilaine et Côtes-d'Armor:
De bleu de bleuDinanMenhir du Dol-de-Bretagne Moulin du Mont DolCherche corsaires amateurs pour abordages divers
Les routes de St-Malo
Une nouvelle aventure commence. Rejoindre St-Malo en moto depuis la Suisse, en
plusieurs étapes, parce qu'il y a des choses à voir le long du chemin.
Ma monture, sur la place du marché du Mans.
J'ai passé la frontière à Vallorbe.
Même par le soleil généreux de cette journée, il fait bien frais à cette
altitude. Mais ça pourrait être pire. En vélo j'en aurais chié et c'est ce que je me
suis dit chaque jour.
Traversée du Jura français que je trouve aussi monotone que le suisse, la descente sur
Besançon me redonne du courage. J'y visite la citadelle et sa vieille ville. Je la
trouve peu attrayante et ne m'y éternise pas.
Avant que le soleil ne se couche, je dois trouver un endroit pour poser ma tente.
Hôtel aux milles étoiles.
J'ai beaucoup pratiqué le camping sauvage et il faut parfois du temps pour trouver
LA place. Elle doit avoir deux qualités. La première c'est que j'y emmerde personne. La
deuxième c'est que personne ne vienne m'emmerder.
Après quelques détours proches de Besançon, je finis par m'installer dans un
pâturage. Le soleil se couche pendant que mon brûleur à gaz cuit des pâtes. Dans ces
conditions, et avec le froid mordant je vais me coucher tôt.
Nuit bien fraîche mais repos quand même.
Le matin, je dois attendre longtemps que le soleil sèche la rosée sur ma tente. J'en
profite pour faire du yoga.
Je reprends la route en direction de Dijon. Celle-ci se déroule sans rien à signaler. Pour
cette nuit je préfère le camping et celui du lac de kir est très bien situé. Une fois mon
bordel posé, je vais découvrir la ville.
Centre de Dijon
J'aime beaucoup Dijon. Jolie vieille ville pleine de ruelles qui donnent
envie de s'y perdre. En fin d'après-midi je regarde le soleil se coucher sur le lac de kir
puis je passe le reste de la soirée au camping.
Le jour suivant je roule jusqu'à Auxerre. J'ai bien envie de redormir en camping mais
ils ferment tous à cette date. Un peu dépité par cette nouvelle, je fais le tour de la
ville rapidement. Celle-ci ne me plaît pas vraiment et je retrouve ma moto en milieu d'
après-midi. Après une demi-heure de route, je traverse le joli village de Toucy, et après
avoir exploré le coin, je me dégotte un emplacement au bord d'un terrain de rugby. J'y prépare
mon campement et mon souper en regardant l'entraînement de ces musclors.
Le lendemain, direction Orléans. La route est vallonné et j'y prends beaucoup de
plaisir. Quelques villages sympathiques. Une seule ombre au tableau, contrairement à
l'Helvétie, il n'y a pas de fontaine à chaque coin de rue. Impossible d'y faire le
plein d'eau. Je suis donc contraint d'en acheter pour boire et cuisiner. Je me lave
au bord des rivières.
J'arrive à Orléans et me parque à côté de la cathédrale. Elle est vraiment majestueuse.
Cathédrale Sainte-Croix d'Orléans.
Revisite de la vieille ville qui sera mon coup de cœur de cette virée. Fin d'après-midi au
bord de la Loire en sirotant quelques bières. Je décolle assez tard du centre et j'aurai du
mal à trouver un coin pour camper. Mais à force d'insister, je me dégotte une place juste au
bord de la Loire. Je suis assez proche d'une route mais c'est supportable.
Etape suivante, Le Mans. Je ne reviens pas sur le plaisir de rouler sur les départementales.
Re tour de la vieille ville. Plutôt jolie. Puis re moto jusqu'à un patelin à un vingtaine de
kilomètres de là.
J'y trouve un spot tout à fait agréable au bord d'un parc. Deux gamins seront très
curieux de me voir camper là. C'est une belle rencontre et je réalise que depuis
plusieurs jours, c'est la première fois que j'ai une vraie conversation. Ça me fait du bien.
Je passe une très bonne nuit. Il ne fait pas un froid glacial pour une fois.
Le jour d'après, direction Rennes. Il fait un brouillard à couper au couteau et en passant
le panneau "bienvenue en Bretagne", il se met à pleuvoir. Je trouve que c'est de bonne
augure. Heureusement pour cette fois j'ai réservé un lit dans un dortoir. C'est quand même p
lus sympa de pouvoir se balader en ville sans devoir m'inquiéter d'où je dormirai
la nuit même. Ville très verte. Je m'y sens bien.
Parc du Thabor
Je me tape une crêpe et une bière, comme il se doit, et me frotte aux bretons qui ont
l'air très cools.
Dernière étape, Saint-Malo, en faisant un petit détour par le Mont Saint-Michel.
Un lieu à voir absolument. Hors saison il n'y a pas trop de monde et on s'y balade sans
être oppressé.
A peine une demie heure de route plus loin je prends mes quartiers à St-Malo. Je vais
m'y équiper en vêtements de bateau et explorer la région jusqu'à mon cours de voile.
Je vous laisse méditer cette pensée que j'ai vu sur un mur de Rennes et que j'ai trouvé
très inspirante:
Il y a un moment pour réussir dans la vie et un moment pour réussir sa vie.
Derniers préparatifs
La seule chose que j'ai de prévu, ces prochains temps, est un cours de voile d'une
semaine dans la région de St-Malo.
Je dois y être le 23 octobre.
Longtemps, j'ai envisagé d'y aller en vélo.
J'ai passé du temps à trouver cet engin et le mettre au point. Panneaux solaires pour
recharger le GPS. Outils et pièces de rechange. Matériel de camping et de voile complet.
Je suis allé tester tout ça pendant 3 jours autour des trois lacs.
Conclusion de cet essai: je reprends ma moto.
Le vélo ça fait mal au cul, aux genoux, au dos. On se fait dépasser de façon risquée par
tous les gens pressés et ils sont nombreux.
Une remorque, c'est une double punition. A la montée, tu as l'impression de traîner une
baleine et à la descente, il faut freiner en permanence pour pas finir dans un camion.
Du coup, changement de stratégie. Je reviens à une idée qui est plus proche de celle de
départ. Partir en moto pour trouver mon coin de paradis.
Africa Twin 750, 1993, 160'000km
Je prends donc la route très bientôt en direction de la Bretagne. Formation intensive à la
navigation en Atlantique.
Ensuite de ça ?
Euhhhhh
Moussaillon 2
L'Olympia
Deuxième session en mer. Cette fois-ci un peu plus
sérieuse car, une semaine loin du port d'attache, mais
avec une bande de bons déconneurs avec qui j'ai fait une
excellente virée.
Les flibustiers suisses
Partis de Follonica en Toscane, nous avons rejoint l'île
d'Elbe.
Puis, une longue traversée par mer calme jusqu'au
Cap Corse. On déguste les vins et fromages locaux. Mes
compères rivalisent de talent pour nous mijoter de bons
petits plats. Petite excursion dans les forêts et
initiation au kite pour les aventuriers.
Cap Corse
Ensuite retour à une allure soutenue sur l'île d'
Elbe. Quelques manœuvres acrobatiques qui nous rappellent
que le vent et les vagues sont les vrais maîtres du
navire. Etape à Porto Ferraio pour notre dernière nuit à
bord. Confusion de ma part entre la marche avant et arrière
pour sortir de notre emplacement, histoire de ne pas
commencer à me prendre pour un navigateur, avant de
ramener notre navire à bon port, escortés par des dauphins.
Mouillage à l'île d'Elbe
A la fois une bonne expérience pour mon apprentissage
de la mer et de belles vacances au soleil avec de bons
copains.
Au revoir les Alpes
Cette année n'a pas été très bonne pour les amateurs de
randonnée. La neige a mis du temps à fondre en altitude
et quand enfin on pouvait espérer marcher au dessus de
2000m il a fait moche pendant des semaines.
Il était donc indispensable pour moi d'aller gravir
une montagne avant de m'en éloigner.
Je suis parti trois jours avec tout mon
équipement. Tente, réchaud, tenue pour la pluie et le
froid etc. Environ 20kg sur le dos.
Dents du midi
Premier jour départ de St-Maurice et grimpée de
1700m jusqu'à Rionda, une bergerie où j'ai passé une
excellente nuit malgré le vent.
Rionda
Deuxième jour, montée au sommet de la grande Dent
de Morcles à 2969m. Un chemin difficile mais entouré de
bouquetins.
Vue depuis la Dent de Morcles
Puis redescente sur le lac de Fully où des pêcheurs
m'ont offert un Ricard de bienvenue. Nuit sous la pluie.
Au lever du soleil la pluie cesse et j'attendrai
deux heures que mes affaires sèchent. Je remonte au
Portail de Fully puis descente jusqu'à Martigny. La
dernière partie, rincé par une pluie battante.
On pourrait se demander quel est l'intérêt de faire
autant d'efforts dans de telles conditions. Les photos
de cet article en sont une des réponses.
1ère semaine
Une semaine riche en émotions. J'ai rendu les clés
de mon appartement et je n'ai plus de numéro de
téléphone. Ma moto par contre s'est trouvée un toit. Je
dors de canapé en canapé depuis lors.
C'était aussi l'occasion de dire au revoir à mes
proches de Lausanne de Bienne et entre deux. Je n'ai pas
d'attachements à ces lieux. En revanche, même si l'on ne
s'est pas vu très régulièrement, je suis lié aux personnes
que j'aime et qui seront toujours dans mon esprit et
mon âme. Qui m'ont toujours accompagnées en pensée
dans mes voyages lors de moments difficiles ou heureux. Je
ne partirais pas si, au fond de moi, je n'étais pas
convaincu de les revoir un jour.
Le plus gros de mes affaires prend désormais la
poussière au fond d'une cave.
J'ai encore quelques formalités à régler. C'est
d'ailleurs assez impressionnant, le nombre de papiers à
remplir pour ne plus devoir en remplir.
Ces prochains jours se passeront dans les montagnes
et aussi sur la mer...
Moussaillon
Juste après avoir réussi mon examen pratique de marin d'eau
douce, me voilà parti avec Adrien, mon mentor en navigation
et un couple d'amis pour retaper leur navire et affronter
mes premières vagues dans la mer adriatique.
Euridike, goélette de 50 pieds,
dans la marina de San Giorgio di Nogaro.
Très intéressant de plonger à l'intérieur de la coque
pour le rendre habitable et appliquer en pratique ce que j'ai
appris en théorie pour le rendre navigable.
Nous aurons le plaisir de partir deux jours avec, pour
escale, le port de Punta Faro dans la ville de Lignano.
Cathy, Louis et Adrien
Une mer calme et peu de vent seront un bon moyen de
me familiariser avec le gréement assez complexe de ce voilier.
Pour cette première expérience je suis heureux de constater
que je n'ai pas eu le mal de mer.
Contact
Un seul moyen de me joindre dès le 01.09.2021 : alexgeiser78@gmail.com
Sur les rails
Après une année de patience mon projet est à nouveau sur les
rails.
On ne peut même plus appeler ceci un projet car il n'a aucun
objectif précis. Hors mis peut-être de changer ma routine pour
une autre.
J'ai eu une vie à Bienne, une autre à Lausanne, aucune
idée où ce prochain chemin va m'emmener mais une chose est
sûre, c'est que je ne pouvais plus rester ici à tourner en
rond. Prisonnier de mon studio, de mes factures, de mon mode
de vie depuis trop longtemps.
Je pars marcher en dehors des cases pour un certain
temps. Essayer de voir si la liberté que je m'accorde va
m'apporter le bonheur ou m'isoler définitivement.
Quoi qu'il en soit je tiens à faire cette expérience.
Départ prévu le 1er septembre.
Cette aventure est née d'un rêve que je fais depuis mon premier
voyage en Amérique du Sud. L'envie de vivre une vie
simple. Proche de la nature et de son rythme. Me contenter de
peu mais que ce peu me comble entièrement. Regarder les gens
s'épuiser à courir après plus de vitesse, d'argent, de
technologie, d'objets, qui ne sont au final que des entraves
à notre liberté et dont on se sent si dépendants.
Ce rêve a subit nombre d'imprévus. A tel point que je n'ai
presque plus rien prévu.
Les seuls choses qui sont sûres c'est qu'à partir du 1er
septembre je n'aurai plus de résidence en Suisse. Ni de numéro
de téléphone. Malgré tous mes efforts ma moto devra elle aussi
rester ici tant que je n'aurai pas de résidence fixe et par
conséquent d'assurance.
Je conserve de bien matériel: dans une cave, une dizaine de
cartons de bananes pleins de livres et de souvenirs de mes
précédents voyages. Dans un garage, ma moto. Sur mon dos, du
matériel de camping et des habits de rechange. Dans mes poches,
assez d'économies pour pouvoir vivoter quelques mois sans penser
à l'argent. Dans ma tête, un monde à découvrir, une existence à
reconstruire, une paix à regagner.
Depuis le début de la pandémie on peut dire que j'ai eu du
temps pour réfléchir à tout ça. Mais plus j'y pensais et
plus j'avais l'impression que les portes se refermaient. J'ai
quand même réussi à avancer et suis en train de passer mon permis
voile mer qui m'ouvrira toutes les frontières.
Je ne sais pas combien de temps j'errerai ni jusqu'où. Peut-être
que le paradis se trouve à côté de chez moi. Je souhaites que
rapidement je mènerai une vie qui me corresponde plus et que les
liens avec les gens que j'ai connu dans mes vies précédentes ne
se rompent jamais.
Puisse ma petite folie vous faire rêver, vous amuser et vous
évader.